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S’organiser efficacement contre les résurgences de l’antisémitisme et du négationnisme d’extrême gauche

Thèmes :
Autre

Type d'événement :
Réunion publique

Quand ?

Cet événement est passé
Mercredi 7 juin 2023 de 19h30 à 22h30,

Où ?
Les Fleurs Arctiques
45 Rue du Pré Saint-Gervais 75019 Paris

Y a-t-il vraiment besoin d’être épigraphe pour voir l’antisémitisme sous le tag… ?

Il y a quelques semaines, un tag ouvertement antisémite est apparu sur un mur dans un des bâtiments de l’université Paris 8 à Saint-Denis. « Vive la Palestine, 39-45 le retour, soyez preparer » (sic), à côté d’un « Free Palestine » et d’un « macron dégage » dont l’écriture et/ou la couleur diffèrent. Malgré les dénégations d’une palanquée de gauchistes prompt à y voir la marque d’un coup retors de l’extrême droite (auquel il ne faudrait pas réagir, ce qui reste en soi discutable, même si c’était le cas, voir plus bas), les circonstances et les tags à proximité revendiquant le soutien au rappeur antisémite Freeze Corleone ne laissent pas vraiment de doute sur le fait qu’il s’agisse d’un antisémitisme d’extrême gauche pur origine certifiée.

Y a -t-il vraiment besoin de déplier les présupposés explicites de cet énoncé ? Que ce soit nécessaire fait déjà partie du problème, mais allons-y rapidement, par souci de clarté. Donc on affirme ici la défense de « la Palestine », en s’inscrivant dans la lignée anti-impérialiste de la défense des nationalismes et de leurs perspectives étatiques pour les « peuples opprimés » par les nationalismes et les États des « peuples oppresseurs », et ce faisant on commence par confondre les palestiniens avec l’Etat qui est supposé les représenter. Depuis les années 70, on nous fait subir cet espèce de campisme stupide qui prétend qu’aspirer à un État serait émancipateur et que les gens qui subissent la domination « impérialiste » auraient besoin que de loin (toujours de loin), on défende ce qui les dominera plus tard, en l’occurrence « leur » État.

La suite va un gros cran plus loin, en invitant à se préparer au retour de 39-45, posant l’extermination des juifs (seul lien avec la question palestinienne, à travers une assimilation déjà antisémite des dits « juifs » à l’Etat d’Israël), donc la perspective génocidaire des nazis dont la réalisation a été assez loin pour qu’on se rende compte de ce que ça donne comme solution à la question palestinienne. On ne sait pas bien si c’est une perspective conçue comme utopique et désirable ou si c’est de l’ordre de la menace de rétorsion, mais ça revient au même, d’autant plus que cette façon de présenter la perspective d’un génocide comme une juste vengeance à laquelle on doit s’attendre est un des chemins que prennent les résurgences antisémites à gauche depuis quelques années *.

C’est la première raison qui nous conduit à proposer cette discussion : certes, ce n’est pas la première fois, et oui, c’est juste un tag, mais il y a un moment où il va falloir réagir de manière efficace et concertée en arrêtant de détourner les yeux et de penser qu’on a mieux à faire : combattre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, en particulier quand elles émergent du côté de ce qui se présente comme subversif, est une urgence à chaque instant renouvelée. Vu l’instensification du phénomène, il va bien falloir finir par trouver les moyens de s’y confronter.

La deuxième raison qui motive cette proposition de discussion, c’est ce qui s’est passé sur les réseaux et dans les couloirs (autour de certains comptoirs et dans quelques « bases arrières » sans doute aussi) suite aux premières réactions que ce tag a suscitées. On a vu une flopée de gauchistes, pour certains connus dans le petit monde select du post marxisme sauce bouteldjiste, débouler en force pour défendre... la Palestine. Comme si vouloir réagir à ce tag, c’était s’opposer à la lutte des Palestiniens (et comme si l’État était une perspective émancipatrice pour ceux qui luttent). Outre cette passion pour le fait de réprimer par principe toute réaction sur ce sujet quelle qu’elle soit (passion qui peut rendre graphomane et conduire à écrire des pages et des pages pour dire qu’il ne faut pas en faire cas (cf les textes de NF à propos de Claude Guillon), et défendre l’idée qu’il est de la première urgence de ne rien en penser, cet afflux d’avis concordants pour considérer que "dire que ce tag est antisémite est un peu comme défendre la colonisation de la Palestine", nous renforce dans l’idée qu’il faut plus que jamais cesser tout déni, tout laisser-faire et toute complaisance.

C’est pourquoi nous proposons de nous retrouver le mardi 30 mai pour prendre le temps d’échanger, de mieux comprendre peut-être, et surtout de trouver les moyens de combattre ce trop vivace antisémitisme d’extrême gauche.

* Comme on peut le voir dans Les Blancs les Juifs et nous d’Houria Bouteldja, pamphlet antisémite de gauche édité à La Fabrique dans lequel le désir d’exterminer « les juifs » et le négationnisme (donc le désir d’exterminer les juifs tout en niant les spécificités de ce projet) sont présentés comme une menace légitime, un risque objectif à prendre en compte et, finalement, une rétorsion compréhensible face à la situation d’oppression des dits racisés (qu’on naturalise de ce fait comme naturellement antisémites ce qui est déjà complètement raciste).