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Du pain et des jeux ? Discussion critique du sport
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"name": "Du pain et des jeux ? Discussion critique du sport" ,
"description": "https:\/\/www.agendamilitant.org\/Du-pain-et-des-jeux-Discussion-critique-du-sport.html \n\nLes Jeux Olympiques de Paris approchent et avec ceux-ci une offensive s\u00e9curitaire de grande ampleur : elle concerne les ch\u00f4meurs (que l'on veut repousser vers l'emploi avec des contr\u00f4les de plus en plus durs, une mise en avant harcelante des m\u00e9tiers de la s\u00e9curit\u00e9 dont les formations sont quasiment les seules financ\u00e9es par la nouvelle instance de r\u00e9emploi massif France travail) ; l'am\u00e9nagement urbain, qui se dote de milliers de nouvelles cam\u00e9ras dont certaines utilisant la reconnaissance faciale ; et bien entendu toutes les personnes, dont beaucoup de sans-papiers sacrifi\u00e9\u2022es au travail dans la construction des infrastructures n\u00e9cessaires \u00e0 la r\u00e9alisation de ce projet d'union nationale. C'est un \u00e9v\u00e9nement sportif o\u00f9 s'exprimera comme \u00e0 tous les grands \u00e9v\u00e9nements de ce type un chauvinisme qui grandit inlassablement ces derni\u00e8res ann\u00e9es, dans un contexte de mont\u00e9e des tensions diplomatiques entre \u00c9tats (notamment des suites de la guerre en Ukraine). \n\nLa pratique du sport a explos\u00e9 ces derni\u00e8res ann\u00e9es. On le retrouve partout, sur Internet, dans les affiches de pubs, \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, \u00e0 l'\u00e9cole, en bas de chez soi dans les salles de sport qui ouvrent un peu partout, au taf\u2026 bref le sport semble conqu\u00e9rir l'espace public et cette conqu\u00eate va avec la diffusion de la morale, des valeurs sportives intrins\u00e8quement corr\u00e9l\u00e9es \u00e0 celles du capitalisme. \n\nLes pratiques physiques sous forme de jeu collectif prennent leurs origines dans la nuit des temps, mais depuis le XIXe si\u00e8cle et la r\u00e9volution industrielle, elles ont pris une dimension comp\u00e9titive et concurrentielle o\u00f9 la performance et l'entretien du corps sain deviennent le centre de l'int\u00e9r\u00eat de la pratique et du jeu. On a appel\u00e9 cette pratique le sport (le terme « sport » appara\u00eet dans l'usage au XIXe si\u00e8cle). Celle-ci s'accompagne d'une morale, d'un « esprit sportif », des « valeurs » dans lesquelles on trouve la discipline, la performance, le respect, la comp\u00e9tition, autant de « valeurs » qui s'accommodent parfaitement avec ce que le dieu-\u00e9conomie et l'\u00c9tat attendent de ceux qu'il sacrifient. Le sport sert de lieu de renfort aux st\u00e9r\u00e9otypes sexistes et \u00e0 la panique morale r\u00e9cente autour de la place des athl\u00e8tes trans ou intersexes montre que le sport est encore construit sur cette s\u00e9paration, aliment\u00e9e aussi, dans son versant vid\u00e9oludique : l'esport. \n\nLors du XIXe racialiste, lors des JO nazis de 36, ou encore lors des combats de boxe lors de la s\u00e9gr\u00e9gation am\u00e9ricaine la comp\u00e9tition sert \u00e9galement un discours raciste o\u00f9 se r\u00e9v\u00e9lerait, dans la comp\u00e9tition la sup\u00e9riorit\u00e9 raciale blanche\/aryenne. Le sport, ce sont aussi des belles histoires, des r\u00e9ussites individuelles et collectives qui prolongent le mythe du « self-made man » au domaine physique et pas seulement entrepreneurial, c'est la mise \u00e0 profit du corps des athl\u00e8tes et de leurs performances par le capitalisme. L'exemple le plus marquant de ces derni\u00e8res ann\u00e9es \u00e9tant probablement Michael Jordan, mod\u00e8le par excellence de la r\u00e9ussite aux conditions de ce monde, dans le sport et dans l'entreprise. \n\nM\u00eame si le sport a connu une place importante d\u00e8s le XIXe si\u00e8cle et encore plus au XXe si\u00e8cle, il est flagrant que ces derni\u00e8res ann\u00e9es ce dernier prend une place centrale dans la gestion des corps sous le capitalisme, notamment par le biais du \"bien \u00eatre\". Socialement on le valorise, au travail, chez le m\u00e9decin, sur les CV, \u00e0 l'\u00e9cole, « faire du sport » est devenu une activit\u00e9 normale et valoris\u00e9e comme on valorise le fait de ne pas boire ou de ne pas fumer, car l'adage antique « un esprit sain dans un corps sain » est pass\u00e9 de slogan publicitaire \u00e0 norme sociale. La pratique sportive de haut niveau exerce d'ailleurs un contr\u00f4le de plus en plus strict sur les « exc\u00e8s » des sportifs afin de rentabiliser et maximiser les performances de leurs corps et d'offrir un spectacle de performance toujours croissant. La figure du sportif est finalement celle d'un Stakhanov moderne, et les sportifs ne sont pas \u00e0 bl\u00e2mer plus que ceux qui les regardent. \n\nLe d\u00e9veloppement du sport et sa diffusion de plus en plus large avec des salles ouvertes 24\/7 pour permettre \u00e0 chacun durant sa pause midi de pousser de la fonte pour oublier la duret\u00e9 de son labeur va avec la restructuration du travail qui s'effectue depuis ces vingts derni\u00e8res ann\u00e9es. La prise en compte des « biens \u00eatres » des travailleurs, de leur sant\u00e9 physique et mentale par leurs employeurs n'a que pour but de nous faire mieux accepter et dig\u00e9rer la soupe rance qu'ils nous font bouffer toute la journ\u00e9e. Le sport est un pacificateur social, de la prison aux banlieues post-\u00e9meutes, il est utilis\u00e9 par le pouvoir comme moyen de canaliser la rage et d'imposer \u00e0 chacun le devoir de se g\u00e9rer comme un petit capital \u00e0 maintenir en bonne sant\u00e9 pour rester productif. Mangez bougez, comme \u00e7a vous ne serez pas en arr\u00eat maladie et continuerez \u00e0 alimenter la machine \u00e9conomique... \n\nPeut-on r\u00e9ellement aujourd'hui distinguer le sport de l'activit\u00e9 physique ? Existe-t-il une pratique sportive d\u00e9nu\u00e9e de toute la morale qui p\u00e9trit le sport ? Faut-il faire exister un sport non-comp\u00e9titif ? La question que nous souhaiterions donc ouvrir avec cette discussion est comment s'attaquer au sport, \u00e0 ses valeurs qui sont celles de ce monde que nous souhaitons voir dispara\u00eetre. Voir aussi Les fleurs arctiques " ,
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Thèmes :
Lutte des classes, travail et internationalisme
Type d'événement :
Réunion publique
Quand ?
Cet événement est passé
Samedi 27 avril à 18h00,
Où ?
Les Fleurs Arctiques
45 Rue du Pré Saint-Gervais 75019 Paris
#sport
Les Jeux Olympiques de Paris approchent et avec ceux-ci une offensive sécuritaire de grande ampleur : elle concerne les chômeurs (que l’on veut repousser vers l’emploi avec des contrôles de plus en plus durs, une mise en avant harcelante des métiers de la sécurité dont les formations sont quasiment les seules financées par la nouvelle instance de réemploi massif France travail) ; l’aménagement urbain, qui se dote de milliers de nouvelles caméras dont certaines utilisant la reconnaissance faciale ; et bien entendu toutes les personnes, dont beaucoup de sans-papiers sacrifié•es au travail dans la construction des infrastructures nécessaires à la réalisation de ce projet d’union nationale. C’est un événement sportif où s’exprimera comme à tous les grands événements de ce type un chauvinisme qui grandit inlassablement ces dernières années, dans un contexte de montée des tensions diplomatiques entre États (notamment des suites de la guerre en Ukraine).
La pratique du sport a explosé ces dernières années. On le retrouve partout, sur Internet, dans les affiches de pubs, à la télé, à l’école, en bas de chez soi dans les salles de sport qui ouvrent un peu partout, au taf… bref le sport semble conquérir l’espace public et cette conquête va avec la diffusion de la morale, des valeurs sportives intrinsèquement corrélées à celles du capitalisme.
Les pratiques physiques sous forme de jeu collectif prennent leurs origines dans la nuit des temps, mais depuis le XIXe siècle et la révolution industrielle, elles ont pris une dimension compétitive et concurrentielle où la performance et l’entretien du corps sain deviennent le centre de l’intérêt de la pratique et du jeu. On a appelé cette pratique le sport (le terme « sport » apparaît dans l’usage au XIXe siècle). Celle-ci s’accompagne d’une morale, d’un « esprit sportif », des « valeurs » dans lesquelles on trouve la discipline, la performance, le respect, la compétition, autant de « valeurs » qui s’accommodent parfaitement avec ce que le dieu-économie et l’État attendent de ceux qu’il sacrifient. Le sport sert de lieu de renfort aux stéréotypes sexistes et à la panique morale récente autour de la place des athlètes trans ou intersexes montre que le sport est encore construit sur cette séparation, alimentée aussi, dans son versant vidéoludique : l’esport.
Lors du XIXe racialiste, lors des JO nazis de 36, ou encore lors des combats de boxe lors de la ségrégation américaine la compétition sert également un discours raciste où se révélerait, dans la compétition la supériorité raciale blanche/aryenne. Le sport, ce sont aussi des belles histoires, des réussites individuelles et collectives qui prolongent le mythe du « self-made man » au domaine physique et pas seulement entrepreneurial, c’est la mise à profit du corps des athlètes et de leurs performances par le capitalisme. L’exemple le plus marquant de ces dernières années étant probablement Michael Jordan, modèle par excellence de la réussite aux conditions de ce monde, dans le sport et dans l’entreprise.
Même si le sport a connu une place importante dès le XIXe siècle et encore plus au XXe siècle, il est flagrant que ces dernières années ce dernier prend une place centrale dans la gestion des corps sous le capitalisme, notamment par le biais du "bien être". Socialement on le valorise, au travail, chez le médecin, sur les CV, à l’école, « faire du sport » est devenu une activité normale et valorisée comme on valorise le fait de ne pas boire ou de ne pas fumer, car l’adage antique « un esprit sain dans un corps sain » est passé de slogan publicitaire à norme sociale. La pratique sportive de haut niveau exerce d’ailleurs un contrôle de plus en plus strict sur les « excès » des sportifs afin de rentabiliser et maximiser les performances de leurs corps et d’offrir un spectacle de performance toujours croissant. La figure du sportif est finalement celle d’un Stakhanov moderne, et les sportifs ne sont pas à blâmer plus que ceux qui les regardent.
Le développement du sport et sa diffusion de plus en plus large avec des salles ouvertes 24/7 pour permettre à chacun durant sa pause midi de pousser de la fonte pour oublier la dureté de son labeur va avec la restructuration du travail qui s’effectue depuis ces vingts dernières années. La prise en compte des « biens êtres » des travailleurs, de leur santé physique et mentale par leurs employeurs n’a que pour but de nous faire mieux accepter et digérer la soupe rance qu’ils nous font bouffer toute la journée. Le sport est un pacificateur social, de la prison aux banlieues post-émeutes, il est utilisé par le pouvoir comme moyen de canaliser la rage et d’imposer à chacun le devoir de se gérer comme un petit capital à maintenir en bonne santé pour rester productif. Mangez bougez, comme ça vous ne serez pas en arrêt maladie et continuerez à alimenter la machine économique...
Peut-on réellement aujourd’hui distinguer le sport de l’activité physique ? Existe-t-il une pratique sportive dénuée de toute la morale qui pétrit le sport ? Faut-il faire exister un sport non-compétitif ? La question que nous souhaiterions donc ouvrir avec cette discussion est comment s’attaquer au sport, à ses valeurs qui sont celles de ce monde que nous souhaitons voir disparaître.