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Démontage judiciaire : L’affaire Schwartzbad
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"name": "D\u00e9montage Judiciaire : L\u2019affaire Schwartzbard" ,
"description": "https:\/\/www.agendamilitant.org\/Demontage-judiciaire-L-affaire-Schwartzbad.html \n\nSaboter la machine judiciaire implique de comprendre comment fonctionnent ses rouages quand elle s'exerce, comment elle peaufine ses engrenages pour mieux nous broyer. Alors il nous a sembl\u00e9 pertinent de proposer des occasions de pratiquer ensemble des d\u00e9montages, en se donnant le loisir d'accorder collectivement toute notre attention \u00e0 des d\u00e9constructions aussi m\u00e9ticuleuses que possible d'affaires judiciaires pr\u00e9cises, pass\u00e9es ou actuelles, pour mieux se pr\u00e9parer \u00e0 affronter la justice et la r\u00e9pression quand nous nous retrouvons contraint\u2022es de le faire. \n\nChaque affaire est singuli\u00e8re, et toutes ou presque pourront nous int\u00e9resser, qu'elles aient d\u00e9fray\u00e9 la chronique, marqu\u00e9 l'Histoire ou qu'elles participent d'un fonctionnement quotidien d'une justice toujours trop pr\u00e8s de la vie de chacune et chacun, et on esp\u00e8re que comprendre ces affaires sp\u00e9cifiques nous permettra d'en savoir plus sur le fonctionnement de l'ensemble du dispositif, et de trouver comment s'y opposer. \n\nConcr\u00e8tement, on propose un rendez-vous r\u00e9gulier et public (une fois par programme) pour plonger ensemble dans une affaire choisie pr\u00e9alablement selon les propositions ou occasions, et sur laquelle ceux et celles qui voudront le faire se seront pench\u00e9\u2022es en amont, \u00e0 partir des documents et informations qu'on peut r\u00e9unir selon les cas, pour restituer aux autres \u00e0 la fois la construction de l'accusation et la strat\u00e9gie de d\u00e9fense choisie ainsi que la mani\u00e8re dont elle s'est \u00e9labor\u00e9e. \n\nOn pourra ensuite discuter \u00e0 partir de ces \u00e9l\u00e9ments en s'inspirant des formes de prises en charge collective des d\u00e9fenses qui se sont d\u00e9velopp\u00e9es dans les suites de Mai 68, par exemple, mais sous une forme « d\u00e9sactualis\u00e9e », hors des enjeux imm\u00e9diats d'une d\u00e9fense r\u00e9elle en cours. Pas besoin de connaissances sp\u00e9cifiques pr\u00e9alables, bien s\u00fbr, pour participer, d'autant plus que le point de vue que nous choisirons d'adopter c'est celui de tous ceux et toutes celles qui peuvent se retrouver face aux tribunaux et qui ne sont pas pr\u00eat\u2022es \u00e0 laisser la machine judiciaire les broyer, et pas celui des sp\u00e9cialistes ou relais de la justice auquel\u2022les trop souvent le champ libre est laiss\u00e9, parce que tout est fait pour nous conduire \u00e0 le leur abandonner. \n\nIl s'agirait donc au contraire de s'habituer \u00e0 ne plus d\u00e9serter le champ de l'\u00e9laboration collective, et de chercher \u00e0 donner un sens concret \u00e0 la notion de d\u00e9fense collective ». Pour cette s\u00e9ance, nous nous int\u00e9resserons au Proc\u00e8s de Samuel Schwartzbad, anarchiste juif ukrainien et r\u00e9volutionnaire ayant particip\u00e9 activement \u00e0 la r\u00e9volution de 1905, condamn\u00e9 ensuite pour divers braquages, et \u00e9vad\u00e9 des travaux forc\u00e9s en 1909, qui est accus\u00e9 en 1926 d'avoir assassin\u00e9 Simon Petlioura, commandant en chef de l'Arm\u00e9e nationale populaire ukrainienne durant la r\u00e9volution russe, responsable de nombreux pogroms commis par les troupes sous sa direction autour de 1920 durant la guerre civile en Russie. \n\nEn 1926, Samuel Schwartzbad, est reparti vivre \u00e0 Paris (il y avait d\u00e9j\u00e0 v\u00e9cu en exil avant la r\u00e9volution), d\u00e9\u00e7u par le comportement de ses camarades pendant la guerre civile russe. Le 25 mai de cette m\u00eame ann\u00e9e, il tire sept balles sur Symon Petlioura rue Racine \u00e0 Paris. S'ensuit un proc\u00e8s o\u00f9 Schwartzbard assume pleinement son geste et explique qu'il a tu\u00e9 Petlioura pour se venger des pogroms dont celui-ci \u00e9tait responsable. Il est accus\u00e9 pendant le proc\u00e8s d'avoir agi sur commande des Sovi\u00e9tiques, notamment du Gu\u00e9p\u00e9ou, la police d'Etat de l'URSS. D\u00e9fendu par Henry Torr\u00e8s, un avocat alors r\u00e9cemment exclu par le PCF. Schwartzbad est finalement acquitt\u00e9 le 26 octobre 1927 \u00e0 8 voix contre 4 par le jury. Torr\u00e8s a alors d\u00e9j\u00e0 d\u00e9fendu plusieurs anarchistes dont Durruti, et obtenu des d\u00e9cisions tr\u00e8s favorables en particulier dans des cas d'assassinats politiques revendiqu\u00e9s par les accus\u00e9s, sans pour autant tabler sur la connivence, le coup de folie ou le pathos d'une enfance difficile. \n\nIl s'agira de s'int\u00e9resser \u00e0 l'affaire elle-m\u00eame mais aussi \u00e0 ce qu'elle a agit\u00e9 \u00e0 l'\u00e9poque autour des questions de l'antis\u00e9mitisme et des pogroms, notamment ceux perp\u00e9tr\u00e9s pendant la p\u00e9riode de la r\u00e9volution russe, dont une grande partie eurent lieu en Ukraine. \n\nCe d\u00e9montage sera l'occasion d'\u00e9tudier de plus pr\u00e8s un proc\u00e8s assez unique, o\u00f9 un homme revendique clairement l'assassinat d'un autre mais est d\u00e9clar\u00e9 finalement non coupable par le jury. La d\u00e9fense de Schwartzbad comporte un volet d'agitation publique sur la question de l'antis\u00e9mitisme et des pogroms, avec la cr\u00e9ation par certains de ses soutiens de la Ligue contre les pogroms (qui deviendra plus tard la LICRA que nous connaissons aujourd'hui) \u00e0 l'occasion d'une campagne m\u00e9diatique en sa faveur. Alors qu'il est habituellement consid\u00e9r\u00e9 qu'avant Verg\u00e8s, sacr\u00e9 d\u00e8s les ann\u00e9es 50 inventeur de la « d\u00e9fense de rupture », c'est chez Willard, avocat du PCF, qu'on trouve en r\u00e9alit\u00e9 la premi\u00e8re th\u00e9orie et pratique de ce qu'on pourrait appeler une d\u00e9fense militante avec la publication en 1938 de \"La d\u00e9fense accuse... : de Babeuf \u00e0 Dimitrov\", il est int\u00e9ressant de se pencher sur ce proc\u00e8s dans lequel la d\u00e9fense, plus de dix ans avant Willard, et hors du cadre de la d\u00e9fense par une organisation de ses membres (ce qui est le cas de Willard) l'emporte malgr\u00e9 (ou plut\u00f4t avec) les aveux de l'accus\u00e9. On peut d'ailleurs aussi se demander pourquoi Verg\u00e8s, qui est au moins autant militant de l'antis\u00e9mitisme que de la dite « rupture », dans son ouvrage \"De la strat\u00e9gie judiciaire\" qui \u00e9tudie une liste d'exemples de d\u00e9fenses qu'il consid\u00e8re comme « de rupture » sans qu'elles en soient conscientes (la d\u00e9fense de Socrate, par exemple), n'\u00e9voque \u00e0 aucun moment le proc\u00e8s de Schwartzbad. Voir aussi Les fleurs arctiques " ,
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Thèmes :
Autre
Lutte des classes, travail et internationalisme
Type d'événement :
Réunion publique
Quand ?
Cet événement est passé
Vendredi 31 mai 2024 à 19h30,
Où ?
Les Fleurs Arctiques
45 Rue du Pré Saint-Gervais 75019 Paris
#justice
Saboter la machine judiciaire implique de comprendre comment fonctionnent ses rouages quand elle s’exerce, comment elle peaufine ses engrenages pour mieux nous broyer. Alors il nous a semblé pertinent de proposer des occasions de pratiquer ensemble des démontages, en se donnant le loisir d’accorder collectivement toute notre attention à des déconstructions aussi méticuleuses que possible d’affaires judiciaires précises, passées ou actuelles, pour mieux se préparer à affronter la justice et la répression quand nous nous retrouvons contraint•es de le faire.
Chaque affaire est singulière, et toutes ou presque pourront nous intéresser, qu’elles aient défrayé la chronique, marqué l’Histoire ou qu’elles participent d’un fonctionnement quotidien d’une justice toujours trop près de la vie de chacune et chacun, et on espère que comprendre ces affaires spécifiques nous permettra d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’ensemble du dispositif, et de trouver comment s’y opposer.
Concrètement, on propose un rendez-vous régulier et public (une fois par programme) pour plonger ensemble dans une affaire choisie préalablement selon les propositions ou occasions, et sur laquelle ceux et celles qui voudront le faire se seront penché•es en amont, à partir des documents et informations qu’on peut réunir selon les cas, pour restituer aux autres à la fois la construction de l’accusation et la stratégie de défense choisie ainsi que la manière dont elle s’est élaborée.
On pourra ensuite discuter à partir de ces éléments en s’inspirant des formes de prises en charge collective des défenses qui se sont développées dans les suites de Mai 68, par exemple, mais sous une forme « désactualisée », hors des enjeux immédiats d’une défense réelle en cours. Pas besoin de connaissances spécifiques préalables, bien sûr, pour participer, d’autant plus que le point de vue que nous choisirons d’adopter c’est celui de tous ceux et toutes celles qui peuvent se retrouver face aux tribunaux et qui ne sont pas prêt•es à laisser la machine judiciaire les broyer, et pas celui des spécialistes ou relais de la justice auquel•les trop souvent le champ libre est laissé, parce que tout est fait pour nous conduire à le leur abandonner.
Il s’agirait donc au contraire de s’habituer à ne plus déserter le champ de l’élaboration collective, et de chercher à donner un sens concret à la notion de défense collective ». Pour cette séance, nous nous intéresserons au Procès de Samuel Schwartzbad, anarchiste juif ukrainien et révolutionnaire ayant participé activement à la révolution de 1905, condamné ensuite pour divers braquages, et évadé des travaux forcés en 1909, qui est accusé en 1926 d’avoir assassiné Simon Petlioura, commandant en chef de l’Armée nationale populaire ukrainienne durant la révolution russe, responsable de nombreux pogroms commis par les troupes sous sa direction autour de 1920 durant la guerre civile en Russie.
En 1926, Samuel Schwartzbad, est reparti vivre à Paris (il y avait déjà vécu en exil avant la révolution), déçu par le comportement de ses camarades pendant la guerre civile russe. Le 25 mai de cette même année, il tire sept balles sur Symon Petlioura rue Racine à Paris. S’ensuit un procès où Schwartzbard assume pleinement son geste et explique qu’il a tué Petlioura pour se venger des pogroms dont celui-ci était responsable. Il est accusé pendant le procès d’avoir agi sur commande des Soviétiques, notamment du Guépéou, la police d’Etat de l’URSS. Défendu par Henry Torrès, un avocat alors récemment exclu par le PCF. Schwartzbad est finalement acquitté le 26 octobre 1927 à 8 voix contre 4 par le jury. Torrès a alors déjà défendu plusieurs anarchistes dont Durruti, et obtenu des décisions très favorables en particulier dans des cas d’assassinats politiques revendiqués par les accusés, sans pour autant tabler sur la connivence, le coup de folie ou le pathos d’une enfance difficile.
Il s’agira de s’intéresser à l’affaire elle-même mais aussi à ce qu’elle a agité à l’époque autour des questions de l’antisémitisme et des pogroms, notamment ceux perpétrés pendant la période de la révolution russe, dont une grande partie eurent lieu en Ukraine.
Ce démontage sera l’occasion d’étudier de plus près un procès assez unique, où un homme revendique clairement l’assassinat d’un autre mais est déclaré finalement non coupable par le jury. La défense de Schwartzbad comporte un volet d’agitation publique sur la question de l’antisémitisme et des pogroms, avec la création par certains de ses soutiens de la Ligue contre les pogroms (qui deviendra plus tard la LICRA que nous connaissons aujourd’hui) à l’occasion d’une campagne médiatique en sa faveur. Alors qu’il est habituellement considéré qu’avant Vergès, sacré dès les années 50 inventeur de la « défense de rupture », c’est chez Willard, avocat du PCF, qu’on trouve en réalité la première théorie et pratique de ce qu’on pourrait appeler une défense militante avec la publication en 1938 de "La défense accuse... : de Babeuf à Dimitrov", il est intéressant de se pencher sur ce procès dans lequel la défense, plus de dix ans avant Willard, et hors du cadre de la défense par une organisation de ses membres (ce qui est le cas de Willard) l’emporte malgré (ou plutôt avec) les aveux de l’accusé. On peut d’ailleurs aussi se demander pourquoi Vergès, qui est au moins autant militant de l’antisémitisme que de la dite « rupture », dans son ouvrage "De la stratégie judiciaire" qui étudie une liste d’exemples de défenses qu’il considère comme « de rupture » sans qu’elles en soient conscientes (la défense de Socrate, par exemple), n’évoque à aucun moment le procès de Schwartzbad.