Post-modernité et révolution, pour poursuivre la réflexion contre les mille nuances de réaction
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"name": "Postmodernit\u00e9 et r\u00e9volution, pour poursuivre la r\u00e9flexion contre les mille nuances de r\u00e9action" ,
"description": "https:\/\/www.agendamilitant.org\/Postmodernite-et-revolution-pour-poursuivre-la-reflexion-contre-les-mille.html \n\nCritiquer la post-modernit\u00e9 dans une perspective r\u00e9volutionnaire reste pour nous une priorit\u00e9 \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 cette critique se laisse souvent glisser dans les m\u00e9andres de la R\u00e9action, laissant prosp\u00e9rer toutes formes de rejet de l'alt\u00e9rit\u00e9. Nous refusons de r\u00e9gler cette question par des d\u00e9clarations d'intention id\u00e9ologiques ou du nominalisme vain, c'est donc un travail en cours, que nous trouvons important de poursuivre sous des formes diverses. \n\nCette discussion s'inscrit donc \u00e0 la suite de celle du 24 mai dernier o\u00f9 \u00e9tait pr\u00e9sent\u00e9e la derni\u00e8re brochure publi\u00e9e par Les Fleurs Arctiques et Ravages \u00c9dition : « Contre la r\u00e9action, mille nuances de r\u00e9acs » (on trouvera sur le site de la biblioth\u00e8que l'appel \u00e0 cette pr\u00e9c\u00e9dente discussion et le pdf t\u00e9l\u00e9chargeable). Avec cette brochure, il s'agissait de partager une r\u00e9flexion s'attaquant aux diff\u00e9rentes nuances r\u00e9actionnaires qui essaiment dans les milieux subversifs au sein des critiques de la post-modernit\u00e9, mais ce depuis une rupture que l'on souhaite r\u00e9volutionnaire et sans composition avec tout ce que la post-modernit\u00e9 nous semble charrier d'anti-\u00e9mancipateur et d'anti-r\u00e9volutionnaire (qui d\u00e9coule du rejet post-moderne de toute id\u00e9e de transformation collective radicale possible et le centrement sur l'espace de la subjectivit\u00e9 comme alpha et om\u00e9ga de la libert\u00e9). \n\nCependant, on peut entendre ici ou l\u00e0 que la critique m\u00eame de la post-modernit\u00e9 serait trop - voire forc\u00e9ment - sujette aux accointances r\u00e9actionnaires, et qu'il serait d\u00e8s lors plus simple de s'en passer pour se pr\u00e9server de ce risque. On peut aussi, dans la polarisation entre R\u00e9action et post-modernit\u00e9, \u00eatre imm\u00e9diatement catalogu\u00e9 « r\u00e9actionnaire » ind\u00e9pendamment du contenu de notre critique, par une binarit\u00e9 qui nous semble d\u00e9l\u00e9t\u00e8re mais malheureusement souvent agissante. \n\nEt si, avant m\u00eame la polarisation et la recherche d'une rupture r\u00e9volutionnaire nette et intransigeante, nous prenions le temps de penser ce qu'est la post-modernit\u00e9, ce que recouvrent les termes « post-moderne », « post-modernisme », ce que la post-modernit\u00e9 poursuit et rejette de la modernit\u00e9 ? Ce serait l'occasion de revenir sur l'\u00e9mergence de ce terme qui, au d\u00e9part, prend sa source dans la critique litt\u00e9raire et l'architecture avant d'\u00eatre employ\u00e9e plus largement au sein des sciences humaines. Qualifiant d'abord un style d\u00e9passant la modernit\u00e9 dans ce qu'elle implique de tension vers le progr\u00e8s, le r\u00e9cit lin\u00e9aire et la recherche unilat\u00e9rale de v\u00e9rit\u00e9 et de finalit\u00e9, ce qui est appel\u00e9 post-moderne a ensuite \u00e9t\u00e9 \u00e9tendu par des penseurs postmarxistes (J.-F. Lyotard, Fredric Jameson notamment, pour les premiers, dans les ann\u00e9es 1970) \u00e0 une dynamique historique impliquant non seulement des courants artistiques, philosophiques et scientifiques, mais des changements dans les rapports sociaux suite \u00e0 l'effondrement des id\u00e9aux pr\u00e9sents au cours de la modernit\u00e9 depuis les Lumi\u00e8res, et notamment suite \u00e0 l'effondrement des grandes hypoth\u00e8ses telles que celle d'une r\u00e9volution sociale et d'une destruction du capitalisme. \n\nLa post-modernit\u00e9 aurait progressivement \u00e9merg\u00e9 au cours de la seconde moiti\u00e9 du XXe si\u00e8cle. Ce n'est que plus r\u00e9cemment, depuis les ann\u00e9es 2000, que la R\u00e9action s'est empar\u00e9e du terme pour tenter de renouveler ses contenus rances. A contrario de toute critique r\u00e9actionnaire et morale de la post-modernit\u00e9, nous partons davantage de l'id\u00e9e que nous vivons dans la post-modernit\u00e9, dans des soci\u00e9t\u00e9s post-grandes hypoth\u00e8ses r\u00e9volutionnaires, et qu'il s'agit d\u00e8s lors d'analyser les rouages r\u00e9pressifs de cette dynamique sociale du capitalisme qui nous entoure aujourd'hui, plut\u00f4t que de l'id\u00e9e que la post-modernit\u00e9 serait une th\u00e9orie politique progressiste. On pourra ainsi peut-\u00eatre commencer \u00e0 mesurer ce que la post-modernit\u00e9 fait \u00e0 la r\u00e9volution, ce qui est au fond la seule chose qui nous int\u00e9resse vraiment et qui pourrait constituer une boussole efficace contre les errements r\u00e9actionnaires. Par exemple, quand la critique de la post-modernit\u00e9 se focalise sur le fantasme d'une diffusion de la transidentit\u00e9 et du risque (?) que cette diffusion pourrait faire courir \u00e0... la famille, la binarit\u00e9 de genre \u00e0 laquelle on est habitu\u00e9s et qui comme on le sait est super \u00e9mancipatrice, on peut tr\u00e8s vite, si on reste aimant\u00e9 par une telle boussole, remarquer que pointer ce type de « probl\u00e8mes » c'est en fait valider et d\u00e9fendre ce qu'il y a de plus r\u00e9ac et anti \u00e9mancipateur dans le monde tel qu'il est. \n\nLa post-modernit\u00e9 comme situation historique, donc, puisque, tout comme les camarades du pass\u00e9 avaient \u00e0 penser leurs critiques et leurs positions r\u00e9volutionnaires dans la modernit\u00e9, nous avons \u00e0 penser les n\u00f4tres aujourd'hui. Mais alors que la modernit\u00e9 canalisait, encadrait ou r\u00e9primait franchement la tension r\u00e9volutionnaire \u00e0 travers les mythes de « grand soir » et de « progr\u00e8s civilisationnel », la post-modernit\u00e9 tente en revanche de rel\u00e9guer compl\u00e8tement la r\u00e9volution aux oubliettes avec les vieilleries du pass\u00e9. Nous proposons d'y r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 partir d'une liasse de diff\u00e9rents textes qui sera compos\u00e9e \u00e0 l'occasion de la discussion. Voir aussi Les fleursarctiques " ,
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Thèmes :
Autre
Type d'événement :
Réunion publique
Quand ?
Le 17 janvier à 19h30,
Où ?
Les Fleurs Arctiques
45 Rue du Pré Saint-Gervais 75019 Paris
Critiquer la post-modernité dans une perspective révolutionnaire reste pour nous une priorité à une époque où cette critique se laisse souvent glisser dans les méandres de la Réaction, laissant prospérer toutes formes de rejet de l’altérité. Nous refusons de régler cette question par des déclarations d’intention idéologiques ou du nominalisme vain, c’est donc un travail en cours, que nous trouvons important de poursuivre sous des formes diverses.
Cette discussion s’inscrit donc à la suite de celle du 24 mai dernier où était présentée la dernière brochure publiée par Les Fleurs Arctiques et Ravages Édition : « Contre la réaction, mille nuances de réacs » (on trouvera sur le site de la bibliothèque l’appel à cette précédente discussion et le pdf téléchargeable). Avec cette brochure, il s’agissait de partager une réflexion s’attaquant aux différentes nuances réactionnaires qui essaiment dans les milieux subversifs au sein des critiques de la post-modernité, mais ce depuis une rupture que l’on souhaite révolutionnaire et sans composition avec tout ce que la post-modernité nous semble charrier d’anti-émancipateur et d’anti-révolutionnaire (qui découle du rejet post-moderne de toute idée de transformation collective radicale possible et le centrement sur l’espace de la subjectivité comme alpha et oméga de la liberté).
Cependant, on peut entendre ici ou là que la critique même de la post-modernité serait trop - voire forcément - sujette aux accointances réactionnaires, et qu’il serait dès lors plus simple de s’en passer pour se préserver de ce risque. On peut aussi, dans la polarisation entre Réaction et post-modernité, être immédiatement catalogué « réactionnaire » indépendamment du contenu de notre critique, par une binarité qui nous semble délétère mais malheureusement souvent agissante.
Et si, avant même la polarisation et la recherche d’une rupture révolutionnaire nette et intransigeante, nous prenions le temps de penser ce qu’est la post-modernité, ce que recouvrent les termes « post-moderne », « post-modernisme », ce que la post-modernité poursuit et rejette de la modernité ? Ce serait l’occasion de revenir sur l’émergence de ce terme qui, au départ, prend sa source dans la critique littéraire et l’architecture avant d’être employée plus largement au sein des sciences humaines. Qualifiant d’abord un style dépassant la modernité dans ce qu’elle implique de tension vers le progrès, le récit linéaire et la recherche unilatérale de vérité et de finalité, ce qui est appelé post-moderne a ensuite été étendu par des penseurs postmarxistes (J.-F. Lyotard, Fredric Jameson notamment, pour les premiers, dans les années 1970) à une dynamique historique impliquant non seulement des courants artistiques, philosophiques et scientifiques, mais des changements dans les rapports sociaux suite à l’effondrement des idéaux présents au cours de la modernité depuis les Lumières, et notamment suite à l’effondrement des grandes hypothèses telles que celle d’une révolution sociale et d’une destruction du capitalisme.
La post-modernité aurait progressivement émergé au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Ce n’est que plus récemment, depuis les années 2000, que la Réaction s’est emparée du terme pour tenter de renouveler ses contenus rances. A contrario de toute critique réactionnaire et morale de la post-modernité, nous partons davantage de l’idée que nous vivons dans la post-modernité, dans des sociétés post-grandes hypothèses révolutionnaires, et qu’il s’agit dès lors d’analyser les rouages répressifs de cette dynamique sociale du capitalisme qui nous entoure aujourd’hui, plutôt que de l’idée que la post-modernité serait une théorie politique progressiste. On pourra ainsi peut-être commencer à mesurer ce que la post-modernité fait à la révolution, ce qui est au fond la seule chose qui nous intéresse vraiment et qui pourrait constituer une boussole efficace contre les errements réactionnaires. Par exemple, quand la critique de la post-modernité se focalise sur le fantasme d’une diffusion de la transidentité et du risque (?) que cette diffusion pourrait faire courir à... la famille, la binarité de genre à laquelle on est habitués et qui comme on le sait est super émancipatrice, on peut très vite, si on reste aimanté par une telle boussole, remarquer que pointer ce type de « problèmes » c’est en fait valider et défendre ce qu’il y a de plus réac et anti émancipateur dans le monde tel qu’il est.
La post-modernité comme situation historique, donc, puisque, tout comme les camarades du passé avaient à penser leurs critiques et leurs positions révolutionnaires dans la modernité, nous avons à penser les nôtres aujourd’hui. Mais alors que la modernité canalisait, encadrait ou réprimait franchement la tension révolutionnaire à travers les mythes de « grand soir » et de « progrès civilisationnel », la post-modernité tente en revanche de reléguer complètement la révolution aux oubliettes avec les vieilleries du passé. Nous proposons d’y réfléchir à partir d’une liasse de différents textes qui sera composée à l’occasion de la discussion.