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En finir VRAIMENT avec la gauche

Thèmes :
Autre

Type d'événement :
Réunion publique

Quand ?
Le 11 octobre à 19h30,

Où ?
Les Fleurs Arctiques
45 Rue du Pré Saint-Gervais 75019 Paris

Pourquoi et comment en finir avec la gauche ?

Pourquoi ?

La question est bien plutôt de se demander pourquoi la question se pose encore aujourd’hui. On est maintenant bien loin de 68 et de ce moment où une partie des aires révolutionnaires s’est enkystée dans une représentation d’elle-même comme contre-pouvoir jusqu’à devenir une gauche qui cherche et mérite le pouvoir. On est loin aussi de la dite « vague rose » de 81 qui a emporté dans cette perspective de conquête (et d’en finir avec la droite) une partie de ceux qui cherchaient dix ans plus tôt la conflictualité et la subversion, certains s’installant bien à l’aise dans cette victoire électorale, derrière Mitterrand qui pour sa part n’avait rien d’un soixante-huitard avec son passé proche de l’extrême droite, et n’a jamais prétendu à aucune conflictualité autre que celle de gagner les élections, quand d’autres se sont retrouvés alors dans une situation schizophrénique, avec un calcul à trop de bandes pour être autre chose qu’un alibi (on participe au pouvoir mais en fait c’est pour le subvertir de l’intérieur, et, en fait, on est du côté de ceux qui voudront renverser le pouvoir qu’on incarne).

Depuis ces époques où, si on ignore tout des débats historiques entre révolutionnaires, on pouvait peut-être encore parler d’ambiguïté, d’illusion, puis de trahison (la fameuse trahison de 83...), la gauche a gouverné, non seulement la France mais aussi l’Europe, elle a mis en place les politiques qui se poursuivent actuellement en terme de politique migratoire (instauration des centres de rétention, chantage à l’intégration qui justifie le tri des migrants parce qu’"on ne peut pas accueillir toute la misère du monde"), et en terme de mise au travail avec le RMI sous conditions, les diverses réformes de l’Unedic, elle a modernisé et agrandi les prisons et créé les QHS, elle a "rétabli l’ordre" colonial en tirant sur les Kanaks en Nouvelle-Calédonie, pour ne citer que quelques exemples frappants. Elle a aussi bien sûr gouverné avec la droite et certainement favorisé la montée de l’extrême droite par calcul électoraliste. On n’a rien sans rien et on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.

Mieux encore : comme c’est quand même « la gauche », elle a cherché par tous moyens à garder un pied dans les luttes, à travers ses relais divers, sa « gauche de la gauche » toujours prête à devenir Gauche Plurielle, Nupes ou Front populaire, ses syndicats qui se retroussent les manches pour faire cesser les mouvements sociaux au moment opportun, ses relais associatifs qui maintiennent l’ordre et la bonne humeur dans les banlieues, ses grands frères... Elle a impulsé le gigantesque think-tank de l’adaptation aux évolutions du capitalisme, avec les élèves de Foucault qui concoctent le Plan d’Aide au Retour à l’Emploi, avec ses sociologues/criminologues qui affinent la sécurité et la répression pro-active, avec ses politiques de préventions et son contrôle social à grande échelle.

Les politiques mises en place par la gauche suivent leur cours, améliorées par des gouvernements d’experts, ou de droite, peut-être bientôt d’extrême droite, sans rupture. Ça roule. Mais cette gauche s’est objectivement délitée. Le PS, garant de ses capacités à gouverner, est désormais fantomatique. Le PC n’est plus qu’un ramassis de vieux réacs qui font la promotion du pâté Enaff et des contrôles aux frontières. Ses "forces vives", récemment quasi victorieuses aux législatives, sont menées par un ex socialiste qui éructe contre les Tchétchènes, se présente comme un homme providentiel aux accents populistes, diffuse à tout va racisme et antisémitisme.

On aurait pu penser que cette agonie, à laquelle on assiste depuis trop longtemps, laisserait la place libre pour que la conflictualité se délivre des leviers qui l’entravent inlassablement et que cette Autonomie qui s’est construite tant bien que mal hors de la gauche et contre elle depuis les années 70 apporte suffisamment d’entrain pour que, une fois les chaînes rompues, un vent de lutte se lève enfin. Or il n’en est rien, et les aires qui se disent aujourd’hui encore "autonomes" ne se souviennent même plus que cette autonomie, c’est contre la gauche qu’elle voulait se construire. Aujourd’hui plus que jamais, alors qu’il faudrait mettre le dernier coup de pelle à une gauche exsangue, une bonne partie des aires qui se veulent subversives préfèrent activer la réanimation du cadavre, faire vivre les syndicats, voter et surtout faire voter, parce que c’est quand même "moins pire", un gouvernement de gauche, et même de se faire le relais des vieilles rengaines populistes, racistes, intégrationnistes qui ont été le pire de ces aires politiques.

Comment ?

Ce qu’on voudrait se demander d’abord c’est comment on est arrivé à cette situation où la politique du "moins pire" est portée en étendard par les aires à prétention révolutionnaire. De là pourra peut-être enfin s’ouvrir cette question vitale : comment en finir avec la gauche, et avec elle, en finir avec les perspectives de contrôle des luttes et de leur devenir, pour nourrir enfin des perspectives révolutionnaires vivantes. C’est aussi se demander comment lutter sous et contre une gauche qui se retrouve paradoxalement autant aux portes du pouvoir que l’extrême-droite.

A ce "comment ?"-là ne répondra aucune recette miracle ; c’est bien pour cette raison qu’il faut ouvrir la question et en discuter largement. Cette soirée a comme perspective d’y contribuer.