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A propos de la déstabilisation politique, des fermes à troll au complotisme, en passant par le cointelpro…
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"name": "A propos de la d\u00e9stabilisation politique, des fermes \u00e0 troll au complotisme, en passant par le cointelpro\u2026" ,
"description": "https:\/\/www.agendamilitant.org\/A-propos-de-la-destabilisation-politique-des-fermes-a-troll-au-complotisme-en.html \n\nLa d\u00e9stabilisation de l'ennemi, voire de l'alli\u00e9 qu'on veut affaiblir au cas o\u00f9 il devienne un ennemi un jour, fait partie des tactiques des \u00c9tats et groupes dominants, en temps de guerre comme en temps de paix, et ce quel que soit le cadre de la rivalit\u00e9. Que les enjeux de pouvoirs soient diplomatiques, politiques, \u00e9conomiques ou culturels, on cherche \u00e0 accro\u00eetre sa force par la ruse, et \u00e0 creuser l'\u00e9cart en diminuant celle de l'adversaire. Du Protocole des sages de Sion aux op\u00e9rations « paranormales » contre le Vietcong des ann\u00e9es 60, une des caract\u00e9ristiques de la d\u00e9stabilisation c'est de n'avoir aucune limite dans les moyens mis en oeuvre pour arriver \u00e0 ses fins. \n\nLa Russie actuelle investit particuli\u00e8rement dans cette logique d\u00e9l\u00e9t\u00e8re \u00e0 travers ses « fermes \u00e0 troll » qui lancent et poursuivent des tonnes de rumeurs dont certaines parviendront \u00e0 s'ins\u00e9rer dans le complotisme ambiant et \u00e0 fructifier (les punaises de lit \u00e0 Paris par exemple) ou profite, sans aucun \u00e9tat d'\u00e2me \u00e9videmment (mais qui croit encore qu'un \u00c9tat puisse avoir des \u00e9tats d'\u00e2me ?), des d\u00e9chirements actuels autour du conflit isra\u00e9lo-palestinien avec les tags, les mains rouges, etc - cette logique est \u00e0 l'oeuvre de mani\u00e8re plus ou moins centrale dans toutes les gestions \u00e9tatiques des conflictualit\u00e9s externe mais aussi interne, et la stabilit\u00e9 du pouvoir se construit par la d\u00e9stabilisation de ce qui pourrait la mettre en p\u00e9ril. \n\nNous avons plusieurs bonnes raison de nous int\u00e9resser \u00e0 cette question autrement qu'en cherchant \u00e0 ne pas tomber dans ces pi\u00e8ges puisque pour partie chacun se retrouve la cible de ces multiples mensonges organis\u00e9s. Ce n'est pas cet aspect-l\u00e0 qui nous int\u00e9resse et, si nous ne croyons pas aveugl\u00e9ment \u00e0 ce que dit la presse, nous ne consid\u00e9rons pas pour autant qu'il faille, de mani\u00e8re faiblement parano\u00efaque, organiser sa vie pour s'en d\u00e9fier et devenir par l\u00e0 m\u00eame de la chair \u00e0 complotistes... et \u00e0 op\u00e9ration de d\u00e9stabilisation. \n\nUne premi\u00e8re raison peut \u00eatre le fait que ce jeu pervers entre \u00c9tats use parfois des moyens qui sont les n\u00f4tres, par exemple les tags dans le cas r\u00e9cent de la Russie, d'autres moyens avec plus de cons\u00e9quences parfois aussi. N\u00e9anmoins il est \u00e9vident que cet usage manque toujours singuli\u00e8rement de finesse, et qu'un peu de bon sens suffit quand m\u00eame \u00e0 d\u00e9m\u00ealer les \u00e9manations r\u00e9elles des aires subversives des grossi\u00e8res manipulations. \n\nSi nous proposons d'en discuter c'est plut\u00f4t parce que ces techniques de d\u00e9stabilisation ont \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9es aussi, et de mani\u00e8re particuli\u00e8rement ravageuse et efficace, en interne, pour r\u00e9duire l'offensivit\u00e9 de mouvements ou groupes dont les activit\u00e9s \u00e9taient consid\u00e9r\u00e9es comme potentiellement dangereuses pour la stabilit\u00e9 des \u00c9tats. On peut retrouver cette logique par exemple dans le fait de favoriser l'arriv\u00e9e de drogues tr\u00e8s destructrices (le crack, l'h\u00e9ro\u00efne) dans des milieux ou m\u00eame dans des zones d'o\u00f9 la subversion pourrait s'intensifier, comme sans doute dans les banlieues en France dans les ann\u00e9es 80, mais l'exemple du Cointelpro est \u00e0 ce titre le plus instructif. \n\nOn voudrait discuter de ce qui rend fragile \u00e0 ce type d'interventions, et en particulier des faiblesses qu'elles exploitent. Il n'y a parfois pas grand-chose \u00e0 faire pour s'en pr\u00e9munir \u00e0 part essayer de garder la t\u00eate un peu froide, ce qui n'est pas toujours facile, surtout si la perspective n'est pas pour autant de laisser nos affects et nos sentiments en dehors d'un militantisme qui fantasme alors une efficacit\u00e9 tr\u00e8s d\u00e9shumanis\u00e9e et tr\u00e8s intrusive dans la vie de chacun. \n\nMais la faiblesse principale qui rend ces tentatives possibles, c'est quand m\u00eame la d\u00e9sagr\u00e9gation des perspectives qui devraient nous r\u00e9unir malgr\u00e9 les diff\u00e9rences et les dissensions, et ce particuli\u00e8rement quand les milieux subversifs se scl\u00e9rosent, que les guerres de chapelles prennent le dessus sur la vitalit\u00e9 du mouvement r\u00e9volutionnaire, et que les rumeurs remplacent les conflits vivants. C'est lorsque le ressentiment s'accro\u00eet, lorsque les uns et les autres sont plus pr\u00e9occup\u00e9s de composer avec leurs « fr\u00e8res ennemis » (c'est \u00e0 dire de les ing\u00e9rer ou de les d\u00e9truire) que par celle d'intervenir dans la r\u00e9alit\u00e9, quand la question du pouvoir (toujours en v\u00e9rit\u00e9 d\u00e9risoire) se pose en lieu et place de l'\u00e9mancipation, que la fragilit\u00e9 \u00e0 ces op\u00e9rations de d\u00e9stabilisation est la plus grande. L'\u00e9poque est \u00e9videmment propice, et si on rajoute un go\u00fbt immod\u00e9r\u00e9 pour la circulation de rumeurs, l'accusation, le ressentiment, les excitations collectives sur du rien, il s'agit pour ceux qui les m\u00e8nent de s'installer dans une radicalit\u00e9 uniquement li\u00e9e \u00e0 l'incrimination des autres, on se retrouve presque dans une situation o\u00f9 il n'y a pas besoin d'intervention ext\u00e9rieure pour que la d\u00e9stabilisation s'op\u00e8re. A ce niveau, c'est presque de l'auto-destruction. \n\nQuels que soient les int\u00e9r\u00eats qui am\u00e8nent certain \u00e0 se faire Cointelpro autog\u00e9r\u00e9 en diffusant sciemment des rumeurs qu'ils savent fausses pour affaiblir leurs adversaires politiques et \u00e9viter d'avoir \u00e0 d\u00e9fendre ouvertement leurs propositions politiques parfois m\u00eame inexistantes ou ind\u00e9fendables (qui \u00e0 part les appellistes, et leurs suiveurs d\u00e9c\u00e9r\u00e9br\u00e9s, est pr\u00eat \u00e0 d\u00e9fendre que la perspective c'est prendre le pouvoir ?), le probl\u00e8me est plut\u00f4t dans la facilit\u00e9 avec laquelle ces rumeurs se diffusent, s'int\u00e8grent, et se justifient en tant que telles. Un milieu o\u00f9 tant de petits harceleurs et harceleuses prosp\u00e8rent est un milieu qui n'a m\u00eame plus besoin que l'\u00c9tat s'en m\u00eale pour pourrir sur pied. \n\nComment sortir de cette situation d\u00e9l\u00e9t\u00e8re, dans laquelle il n'y a m\u00eame plus besoin qu'un \u00c9tat fomente des plans tordus pour que la d\u00e9sagr\u00e9gation op\u00e8re, pour que la compr\u00e9hension des m\u00e9canismes de pouvoir (ce qui est quand m\u00eame le premier pas pour s'en pr\u00e9munir) s'annule face \u00e0 l'excitation de discr\u00e9diter, de manipuler, d'humilier, de harceler ? On esp\u00e8re que l'identification de ces m\u00e9canismes, de leurs points communs avec le pire de ce que les \u00c9tats et tous les pouvoirs pratiquent, la discussion autour des ressorts mis en oeuvre peut contribuer \u00e0 en sortir. Voir aussi l'annonce sur le site " ,
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Thèmes :
Autre
Type d'événement :
Réunion publique
Quand ?
Cet événement est passé
Mercredi 26 juin à 19h30,
Où ?
Les Fleurs Arctiques
45 Rue du Pré Saint-Gervais 75019 Paris
La déstabilisation de l’ennemi, voire de l’allié qu’on veut affaiblir au cas où il devienne un ennemi un jour, fait partie des tactiques des États et groupes dominants, en temps de guerre comme en temps de paix, et ce quel que soit le cadre de la rivalité. Que les enjeux de pouvoirs soient diplomatiques, politiques, économiques ou culturels, on cherche à accroître sa force par la ruse, et à creuser l’écart en diminuant celle de l’adversaire. Du Protocole des sages de Sion aux opérations « paranormales » contre le Vietcong des années 60, une des caractéristiques de la déstabilisation c’est de n’avoir aucune limite dans les moyens mis en oeuvre pour arriver à ses fins.
La Russie actuelle investit particulièrement dans cette logique délétère à travers ses « fermes à troll » qui lancent et poursuivent des tonnes de rumeurs dont certaines parviendront à s’insérer dans le complotisme ambiant et à fructifier (les punaises de lit à Paris par exemple) ou profite, sans aucun état d’âme évidemment (mais qui croit encore qu’un État puisse avoir des états d’âme ?), des déchirements actuels autour du conflit israélo-palestinien avec les tags, les mains rouges, etc - cette logique est à l’oeuvre de manière plus ou moins centrale dans toutes les gestions étatiques des conflictualités externe mais aussi interne, et la stabilité du pouvoir se construit par la déstabilisation de ce qui pourrait la mettre en péril.
Nous avons plusieurs bonnes raison de nous intéresser à cette question autrement qu’en cherchant à ne pas tomber dans ces pièges puisque pour partie chacun se retrouve la cible de ces multiples mensonges organisés. Ce n’est pas cet aspect-là qui nous intéresse et, si nous ne croyons pas aveuglément à ce que dit la presse, nous ne considérons pas pour autant qu’il faille, de manière faiblement paranoïaque, organiser sa vie pour s’en défier et devenir par là même de la chair à complotistes... et à opération de déstabilisation.
Une première raison peut être le fait que ce jeu pervers entre États use parfois des moyens qui sont les nôtres, par exemple les tags dans le cas récent de la Russie, d’autres moyens avec plus de conséquences parfois aussi. Néanmoins il est évident que cet usage manque toujours singulièrement de finesse, et qu’un peu de bon sens suffit quand même à démêler les émanations réelles des aires subversives des grossières manipulations.
Si nous proposons d’en discuter c’est plutôt parce que ces techniques de déstabilisation ont été utilisées aussi, et de manière particulièrement ravageuse et efficace, en interne, pour réduire l’offensivité de mouvements ou groupes dont les activités étaient considérées comme potentiellement dangereuses pour la stabilité des États. On peut retrouver cette logique par exemple dans le fait de favoriser l’arrivée de drogues très destructrices (le crack, l’héroïne) dans des milieux ou même dans des zones d’où la subversion pourrait s’intensifier, comme sans doute dans les banlieues en France dans les années 80, mais l’exemple du Cointelpro est à ce titre le plus instructif.
On voudrait discuter de ce qui rend fragile à ce type d’interventions, et en particulier des faiblesses qu’elles exploitent. Il n’y a parfois pas grand-chose à faire pour s’en prémunir à part essayer de garder la tête un peu froide, ce qui n’est pas toujours facile, surtout si la perspective n’est pas pour autant de laisser nos affects et nos sentiments en dehors d’un militantisme qui fantasme alors une efficacité très déshumanisée et très intrusive dans la vie de chacun.
Mais la faiblesse principale qui rend ces tentatives possibles, c’est quand même la désagrégation des perspectives qui devraient nous réunir malgré les différences et les dissensions, et ce particulièrement quand les milieux subversifs se sclérosent, que les guerres de chapelles prennent le dessus sur la vitalité du mouvement révolutionnaire, et que les rumeurs remplacent les conflits vivants. C’est lorsque le ressentiment s’accroît, lorsque les uns et les autres sont plus préoccupés de composer avec leurs « frères ennemis » (c’est à dire de les ingérer ou de les détruire) que par celle d’intervenir dans la réalité, quand la question du pouvoir (toujours en vérité dérisoire) se pose en lieu et place de l’émancipation, que la fragilité à ces opérations de déstabilisation est la plus grande. L’époque est évidemment propice, et si on rajoute un goût immodéré pour la circulation de rumeurs, l’accusation, le ressentiment, les excitations collectives sur du rien, il s’agit pour ceux qui les mènent de s’installer dans une radicalité uniquement liée à l’incrimination des autres, on se retrouve presque dans une situation où il n’y a pas besoin d’intervention extérieure pour que la déstabilisation s’opère. A ce niveau, c’est presque de l’auto-destruction.
Quels que soient les intérêts qui amènent certain à se faire Cointelpro autogéré en diffusant sciemment des rumeurs qu’ils savent fausses pour affaiblir leurs adversaires politiques et éviter d’avoir à défendre ouvertement leurs propositions politiques parfois même inexistantes ou indéfendables (qui à part les appellistes, et leurs suiveurs décérébrés, est prêt à défendre que la perspective c’est prendre le pouvoir ?), le problème est plutôt dans la facilité avec laquelle ces rumeurs se diffusent, s’intègrent, et se justifient en tant que telles. Un milieu où tant de petits harceleurs et harceleuses prospèrent est un milieu qui n’a même plus besoin que l’État s’en mêle pour pourrir sur pied.
Comment sortir de cette situation délétère, dans laquelle il n’y a même plus besoin qu’un État fomente des plans tordus pour que la désagrégation opère, pour que la compréhension des mécanismes de pouvoir (ce qui est quand même le premier pas pour s’en prémunir) s’annule face à l’excitation de discréditer, de manipuler, d’humilier, de harceler ? On espère que l’identification de ces mécanismes, de leurs points communs avec le pire de ce que les États et tous les pouvoirs pratiquent, la discussion autour des ressorts mis en oeuvre peut contribuer à en sortir.